Libye : Sarkozy et le sens de la realpolitik

Certains peuvent s’en offusquer, mais Nicolas Sarkozy a fait preuve d’un sens des réalités politiques indéniables dans sa gestion du cas Kadhafi. Critiqué pour avoir reçu le Guide en grande pompe quand on le croyait indéboulonnable, il n’a pas hésité à lancer une opération militaire pour le déloger à la première fenêtre de tir.

Si Mouammar Kadhafi ressemble aujourd’hui à un vieux satyre fatigué, il ne faut pas oublier que le colonel a été des décennies durant le grand argentier du terrorisme international, et que s’il a beaucoup de sang libyen sur les mains, il a aussi tué des Français. Si son pétrole et son influence en Afrique noire le rendait incontournable, il faut saluer la décision de la France de s’en débarrasser à la première occasion.

Il y a toujours deux attitudes en cas d’intervention étrangère de l’armée française dans un but humanitaire : saluer le courage du choix politique ou se demander pourquoi là et maintenant alors que les occasions de s’indigner ne manquent pas à travers le monde. Les raisons morales ne manquent pas lorsqu’il s’agit d’arrêter la folie meurtrière de Kadhafi.

Mais les raisons morales ne suffisent pas toujours. Et si certains pourront parler de cynisme, le choix de Nicolas Sarkozy de prendre le leadership international ressemble à un coup de génie de realpolitik : avec en arrière fond un accès privilégié au pétrole libyen. Une voie plus intelligente en tout cas que l’invasion américaine en Irak…

DSK : les théories du complot ne tiennent pas la route

Plus de la moitié des Français (57%) sont convaincus que l’inculpation de Dominique Strauss-Kahn pour tentative de viol est une conspiration. Pourtant, passé le choc initial, les théories du complot ne tiennent pas la route. Petite enquête.

Commençons notre enquête avec le « usual suspect » des médias et de l’opinion publique française : Nicolas Sarkozy. A force de coups d’esbrouffe, le président a fini par donner le tournis aux Français qui voient volontiers sa main derrière tout ce qui se passe…

Sarkozy pouvait-il préparer un « honey trap » (piège sexuel) à DSK, dont la faiblesse sur la chose était de notoriété publique ? En jouant la carte du machiavélisme absolu, dont au passage rien n’indique que Sarko en soit capable même si nous nous évertuons à en faire un nouvel antéchrist,  l’opération n’aurait pas été facile à monter.

Il fallait un réseau de renseignement considérable pour connaitre les dates de passage de DSK,  à New York, son hôtel, son numéro de chambre, mais aussi son emploi du temps. Il fallait en outre (et c’est encore une autre paire de manches) bénéficier de complicités internes en la personne de la « victime », qui aurait mise en scène le crime. Pour plus de crédibilité, cette dernière travaillait depuis trois ans dans cet établissement !

Une complexité qui n’est envisageable qu’avec un scénario à la James Bond et qui aurait nécessité (si jamais il était possible à exécuter) l’intervention des services secrets. Qui peut croire que des agents de la DST ou de la DGSE, dont les opinions politiques vont de l’extrême-droite  l’extrême-gauche, pourraient être envoyés dans une mission pour éliminer le candidat pour lequel certains d’entre eux comptaient voter ? Sans parler du fait que ces méthodes ne sont pas dans la culture du renseignement français.

Culture du renseignement ? Justement, certaines puissances (les Russes ou les Chinois pour ne citer qu’eux) n’ont pas les scrupules français en matière de déstabilisation… et disposent d’un savoir-faire en la matière. Certains pays pouvaient-ils en vouloir à DSK pour sa gestion du FMI ? Voulaient-ils s’en débarrasser ?

Pourquoi pas… Sauf que Dominique Strauss-Kahn s’apprêtait à démissionner dans les semaines à venir et qu’il n’y avait aucune justification à monter une opération aussi lourde pour un directeur quasi-démissionnaire.

Reste donc François Hollande, celui qui de toute évidence est le premier à bénéficier du crime !!! Mais est-ce vraiment la peine de creuser cette voie et à chercher à disculper le député de Corrèze qui pour tout appât aurait pu envoyer Bernadette Chirac ?

En réalité, et même si ça fait mal aux socialistes de le reconnaitre, la version la plus vraisemblable demeure celle de la police de New York : une sordide affaire de moeurs.

Armement : faut-il criminaliser les intermédiaires ?

On sait que le secteur de l’armement est soumis à des règles tacites qui défient parfois les législations en vigueur. Il fonctionne avec ses propres règles et ses intermédiaires de tout genre.  Même si la justice a tendances à criminaliser leur rôle, ces facilitateurs professionnels agissent bien souvent en toute légalité, et leurs interventions paraissent irremplaçables dans un marché où la confiance est primordiale.

En France, Pierre Falcone, homme d’affaires français né à Alger en 1957, a étudié le droit à l’Université d’Aix en Provence. . Spécialiste dans les investissements d’infrastructures, Falcone va vite lier des liens de proximité avec différents politiques français, parmi lesquels Jacques Attali et Christophe Mitterand.

 

Il sera inquiété en 2009 au cours de l’enquête diligentée par Philippe Courroye, durant ce que l’on a appelé l’Angolagate. Falcone est relaxé lors de son procès en appel en 2011.

Autre exemple, Maxime Ganzion (ou Gandzion), un belge d’origine centrafricaine. Né à Bangui en 1979, mais formé aux Etats-Unis, Maxime Ganzion est intervenu comme consultant pendant plusieurs années dans le Maryland, et notamment à Bethesda au siège de Lockheed Martin. Responsable « Pre-Sales » officieux pour la firme américaine, Ganzion rencontre de nombreux intervenants étrangers, et se lie d’amitié, en 2003, avec le général de brigade aériennne Hamid Bakhsh de la  Royal Air Force d’Arabie saoudite. Depuis ses bureaux Bruxellois (ou il retourne en 2004), il interviendra en relation avec Jeffrey Birrell sur le dossier des C 130, impliquant les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite et le Gabon.

Ganzion sera cité par un rapport parlementaire américain destiné au blanchiment d’argent, qui s’interrogera (sans pouvoir être catégorique) sur la réalité de ses prestations.

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Vers un nouvel âge d’or de l’industrie nucléaire français ?

Et si la catastrophe de Fukushima était une bonne nouvelle pour l’industrie nucléaire française ? Le relèvement prévisible des normes et une sensibilisation accrue aux enjeux de sûreté va rendre beaucoup plus attractif l’EPR, ce réacteur nouvelle génération dont l’avenir commercial semblait justement compromis face à la concurrence de réacteurs moins évolués.

« Trop chères, trop sûres vos centrales« , les représentants d’EDF ou d’Areva n’entendront plus de si tôt leurs interlocuteurs ironiser sur l’obsession française pour la sécurité. L’accident de Fukushima est passé par là et il faudra de sérieuses garanties pour faire revenir vers l’atome des opinions publiques échaudées par la crise nippone.

Si une récession mondiale s’annonce sans doute sur le court-terme pour l’industrie nucléaire, n’ayons pas la naïveté de penser que la fin du nucléaire est proche. Si journalistes et politiques font semblant de croire à un possible abandon de l’atome, les pays (notamment en voie de développement) se remettront à construire des centrales une fois la fièvre médiatique retombée.

Lorsque les feux de l’actualité seront braqués sur un autre désastre ou une nouvelle guerre, le soufflet nucléaire retombera. L’économie mondiale est trop gloutonne en énergie pour se mettre à la diète si subitement.

Face à la raréfaction des ressources pétrolières et l’absence de solutions viables de remplacement (les énergies renouvelables sont encore pour longtemps condamnées à demeurer des énergies d’appoint), il n’existe pas d’alternative au nucléaire… à moins d’une remise en question de notre mode de fonctionnement sociétal qui ne semble pas vraiment à l’ordre du jour.

Dans quelques semaines donc, les acteurs du nucléaire reprendront comme si de rien n’était leur partie de poker géant pour se disputer des contrats à plusieurs milliards d’euros… Sauf qu’entre-temps les industriels français se sont découverts un carré d’as dans leur main !

Henri Proglio, le chef de file officieux de la filière française est d’ailleurs monté au créneau cette semaine pour mettre en avant « l’expertise nucléaire » de son groupe… et proposer au passage d’envoyer du matériel d’intervention à des Japonais qui ne seraient pas à la pointe de la technologie de sûreté nucléaire !

L’Autorité de Sûreté Nucléaire a également fait entendre sa voix en assurant que l’EPR aurait « mieux résisté » à la double catastrophe nucléaire qui a frappé Fukushima.

Alors que l’on moquait jusqu’à récemment l’EPR, qualifié par ses détracteurs de nouveau Concorde ou Rafale (bijoux de la technologie française totalement inadaptés à la demande commerciale), le label « sécurité » made in France est devenu un atout majeur face à la concurrence.

Jusqu’à la catastrophe de Fukushima, l’évolution technologique de l’EPR était totalement à rebourd d’un marhé du nucléaire favorisant de plus en plus une offre « low-cost ». La Corée du Sud et la Chine s’étaient d’ailleurs massivement positionnés sur ce segment au nez et à la barbe d’ndustriels français de plus en plus résignés.

La catastropphe japonaise a sans doute définitivement (ou en tout cas pour longtemps) mis un terme la tentation de faire des économies de bout de chandelle sur le nucléaire. Le souvenir de Tchernobyl, qui s’était effacé au fil des ans, nous est subitement revenu en mémoire et les pro-nucléaires ne peuvent plus banaliser le nucléaire. La fission de l’atome n’est pas un geste anodin et le monde vient de se le voir rappeler de la manière la plus brutale qui soit.

Renault, espionnage… et rôle occulte des officines

Le scandale d’espionnage autour de Renault semble se dégonfler au fil des jours. Le fiasco aura tout de même coûté leur travail à trois personnes sur la foi d’accusations d’une officine privée non-habilitée pour ce type d’enquête et ayant fait preuve d’un amateurisme troublant.

A quoi servent les officines de renseignement privé ? Elles nourrissent depuis longtemps les fantasmes, mais la vérité est sans doute moins glamour que ce que pensent les amateurs de théorie du complot.

Pour les amateurs de films d’espionnage, ces agences de l’ombre tirent toutes les ficelles secrètes de la vie industrielle… En réalité, comme le prouve une fois encore la mascarade Renault , que ces « espions privés » ne sont en réalité que des ratés des forces de renseignement traditionnelles.

Ces détectives privés de luxe accumulent les bourdes, sont stupéfiants d’amateurisme, et inventent des complots ou des crises sur la base d’éléments parcelaires.

Geos, la société recrutée par Renault, a-t-elle cherché à manipuler le constructeur, ou a-t-elle été elle-même manipulé… ou tout du moins s’est-elle lancée dans une enquête foireuse mais grassement payée ?

A la différence des services de police, les officines n’enquêtent que rémunérées. Et elles ont tout intérêt à démontrer à leurs clients les terribles périls qui les menacent… quitte à les inventer ou à romancer des bribes d’éléments.

Renault est allé vite en besogne en se fiant à une telle société pour mettre à pied certains de ses cadres et mettre le sujet sur la place publique.

En cas de soupçons, il eut été beaucoup plus intelligent de faire a priori appel aux services de la DCRI, dont on peut dire ce que l’on veut mais qui sont quand même quelques crans au dessus en matière de contre-espionnage.

A moins que Renault n’ait eu dans cette affaire un agenda caché…

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Henri Proglio : le cerbère du nucléaire français montre les crocs

Entendu par les députés mercredi, le patron d’EDF a piqué une colère pas très protocolaire. D’ordinaire placide, Henri Proglio a défendu bec et ongle « le patrimoine national » d’EDF face au « pillage » annoncé de la concurrence privée.

Henri Proglio n’a certes pas la réputation d’être un tendre, mais le « buldozzer » comme le surnomment ses adversaires, évite d’ordinaire de se répandre publiquement pour défendre sa conception de la politique énergétique.

« Je ne suis pas là pour brader le patrimoine national, je ne suis pas là pour accepter le pillage du patrimoine national », a lâché en guise d’introduction un Henri Proglio particulièrement remonté à l’occasion de son audition à l’Assemblée nationale sur le prix de revente de l’électricité nucléaire d’EDF.

EDF, chef de file du nucléaire national

Il faut dire que le sujet est sensible pour cet homme de réseau d’ordinaire discret, aussi proche de Nicolas Sarkozy que de son camarade de promo Dominique Strauss-Kahn. Depuis sa nomination l’an dernier, Henri Proglio n’a qu’une seule et unique obsession : faire de l’électricien public le chef de file de la filière nucléaire française.

Et tant pis pour les autres acteurs nationaux (Areva et GDF Suez en tête), réduits au rôle de simples sous-traitants lors des appels d’offre internationaux pilotés par EDF avec la bénédiction du gouvernement.

Rationalisation d’une offre unifiée française et patriotisme économique ? Ou vision anachronique et centralisée ? Défenseurs et adversaires de l’électricien public s’écharpent sur le sujet depuis des mois…

L’enjeu est de taille ! Après des années de stagnation, le nucléaire a retrouvé de l’attractivité à l’échelle internationale, et les méga-contrats poussent comme des champignons (nucléaires ?)… Pendant ce temps, la France a pris du retard dans cette compétition internationale féroce, minée par les querelles de clochers…

L’épineuse question du prix de revente du nucléaire

Si EDF a obtenu gain de cause à l’échelon international, Henri Proglio sait que la situation est plus difficile au niveau national. D’où sa grosse colère devant les députés à l’heure des négociations sur le prix de revente de l’électricité nucléaire.

La loi Nome de libéralisation des marchés de l’électricité, votée en 2010 par les députés français, prévoit en effet qu’EDF cède une part de sa production nucléaire à ses concurrents privés à un prix fixé par le législateur, afin de favoriser une diversification des offres électriques.

La réaction du patron d’EDF est plus que cinglante : « Je ne vois pas pourquoi la France serait la plus abrutie des nations du monde où on ferait cadeau du patrimoine national à des concurrents. Il n’est pas de ma responsabilité, de ma feuille de route, de faire travailler 170.000 personnes pour faire des cadeaux à des concurrents. Il n’est pas de ma responsabilité d’ouvrir le bilan au pillage, je ne l’accepterai pas ».

Une colère mise en scène ? Un coup de sang qui arrive quoi qu’il en soit un peu tard… La bataille de l’ouverture des marchés et de la mise en concurrence d’EDF est d’ores et déjà perdue pour l’électricien public, et la revente à prix coutant d’une partie de sa production est actée.

La sortie d’Henri Proglio vise en réalité surtout à faire monter les enchères à l’heure des négociations avec les pouvoirs publics.

42 ou 35 euros le mégawattheure… Tel est le vrai enjeu des luttes d’influence qui agitent actuellement le secteur énergétique. Les acteurs privés plaident évidemment pour un prix de revente revu à la baisse… pendant qu’EDF dénonce le  « pillage » des investissements publics.

Programmée ou non, la colère d’Henri Proglio cache un vrai malaise du côté de l’électricien public qui a la sensation que les pouvoirs publics lui demandent d’héberger des concurrents « squatteurs », bénéficiant de la production sans se mouiller dans les investissements à long terme.

Le gouvernement a jusqu’au 1er juillet pour trancher la querelle des prix de revente. Une chose est sûre dans cette affaire… Les consommateurs, qui devaient être les grands bénéficiaires de cette libéralisation, ne sont pas prêts de voir leurs factures baisser.

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Mediator, hypocrisie et société de la « précaution »

Hypocrisie ? La France découvre à l’aune du scandale du Mediator que les médicaments ne sont pas des bonbons et qu’ingérer des substances actives peut guérir… mais aussi tuer.

Le Mediator est devenu en quelques semaines l’ennemi public numéro un. « Le médicament qui tue » fait la une de tous les journaux et par un ricochet un peu facile le groupe Servier s’est vu pousser des cornes et on fait semblant de découvrir les mœurs interlopes de l’industrie pharmaceutique et du monde politique.

Loin de moi l’idée de défendre ces marchands de pilule qui nous poussent depuis des décennies à consommer plus (de médocs) pour engraisser plus (leurs actionnaires) ! Mais la chasse aux sorcières de ces dernières semaines contre Servier et Mediator a malgré tout quelque chose de dérangeant et de fondamentalement hypocrite.

En pointant du doigt un médicament, un labo, un secteur,… on s’exonère surtout de nos responsabilités et les médias passent sous silence le vrai enjeu de cette problématique : notre rapport à la santé, aux médicaments et plus généralement à la question du risque.

Depuis la nuit des temps, les Hommes savent que les meilleurs médicaments sont aussi des poisons, et que la différence entre les deux réside toujours dans le dosage. Certaines découvertes médicales se sont révélées révolutionnaires, d’autres inutiles voire nocives…

Même les thérapies efficaces se révèlent parfois dangereuses et difficiles à supporter pour le corps humain. Combien de patients du cancer ne sont pas morts de leur maladie, mais des effets secondaires de leur chimio ?

« Cachez ce sein que je ne saurais voir ! » Notre société puritaine et aseptisée ne supporte plus les dangers inhérents à la vie et a fortiori à la médecine. A l’heure où le principe de précaution a été inscrit dans la Constitution, nous ne tolérons plus les risques incontrôlés.

La faute sans doute aux récents scandales de santé publique : vache folle, sang contaminé, hormones de croissance,…Autant de sujets qui ont fait les choux gras de la presse et durablement tétanisé la classe politique.

Le Mediator, médicament anti-diabétique contesté devenu à force de prescriptions injustifiées un vulgaire placebo pour bourgeoises en surpoids, n’est que le dernier bouc-émissaire que nous nous sommes choisis pour ne pas avoir à remettre en cause notre mode de « consommation » de médicaments.

Plus que sur sa dangerosité et sa mortalité, la lumière doit évidemment être faite sur les lenteurs du retrait du Mediator… Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Le risque zéro est un mythe de journalistes qui  n’existe pas en matière de santé.

Tous les médicaments ont des effets secondaires et sont dangereux mal prescrits. L’aspirine tue des milliers de personnes tous les ans !

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Mikhail Khodorkovsky pas prêt de quitter son goulag

L’ancien homme le plus riche de Russie, Mikhail Khodorkovsky, n’est pas prêt de quitter son goulag sibérien. Officiellement emprisonné pour corruption, l’oligarque paie en réalité ses ambitions politiques. Les récentes déclarations de Vladimir Poutine ne laissent pas de place au doute.

Mikhail Khodorkovsky, qui purge depuis 2003 une peine de huit ans de prison pour corruption n’est pas prêt de revoir Moscou.

Après l’organisation ubuesque d’un nouveau procès pour lequel il risque plus de 20 ans de prison, Vladimir Poutine en a rajouté une couche en l’accusant d’avoir commandité au moins cinq meurtres.

Mikhail Khodorkovsky est officiellement accusé de corruption, mais les véritables raisons de son incarcération sont à chercher dans sa rivalité  avec Vladimir Poutine. Il a payé de sa liberté sa volonté de contester le pouvoir du nouveau tsar russe au début des années 2000.

Au sommet de sa gloire, Mikhail Khodorkovsky était l’homme le plus riche de Russie. Yukos, son bébé, était le premier groupe industriel russe. Comme les autres oligarques de la période post-soviétique, Khodorkovsky a fait sa fortune sur les ruines fumantes de l’économie étatique soviétique.

Dans les privatisations qui ont suivi l’arrivée au pouvoir de Boris Eltsine, Yukos s’est taillé la part du lion (avec les pratiques de l’époque). Mais bien conscient qu’en Russie le Kremlin conservait les clés du pouvoir économique, Mikhail Khodorkovsky ne comptait pas en rester là et  il s’est révé un destin présidentiel.

Erreur de timing. Il s’est heurté à la montée en puissance de Vladimir Poutine.  L’ancien patron du KGB a profité de l’occasion pour asseoir son pouvoir et faire un exemple.

A la différence de l’ère eltsinienne, les oligarques poutiniens devraient faire acte d’allégeance et se contenter de faire du business. L’exemple a d’ailleurs parfaitement fonctionné et les hommes d’affaires russes ont sagement remis au placard leurs ambitions politiques.

S’en est suivi pour Mikhail Khodorkovsky un procès stalinien et un emprisonnement en Sibérie qui dure depuis six ans. Les récentes déclarations de Vladimir Poutine qui accuse désormais Mikhail Khodorkovsky d’avoir commandité des meurtres, sont là pour faire comprendre à l’opinion publique internationale que la libération de Mikhail Khodorkovsky n’est pas une option envisageable.

Sarkophobie : ça se soigne docteur ?

Le mouvement de rejet et de haine qui se cristallise autour de Nicolas Sarkozy dépasse le simple cadre d’une contestation politique pourtant légitime et nécessaire en démocratie. La Sarkophobie pollue le débat politique français et permet in fine d’occulter les échecs du gouvernement.

Les attaques ad-hominem pleuvent sur Nicolas Sarkozy depuis son élection en 2007. Le « nabot » ou le « nain » est un véritable « nazi » ou au mieux un « collabo » que l’on moque pour son attrait de « nouveau riche » pour les Rollex et les stylos de luxe.

On n’hésite pas non plus à s’en prendre à sa femme, ses enfants, ses parents… Comme si tout devenait vraiment possible avec Nicolas Sarkozy et que les règles d’un débat politique civilisé n’avaient plus lieu d’être face à un adversaire si épouvantable.

En leurs temps, François Mitterrand et Jacques Chirac avaient aussi été la cible d’attaques violentes. Des attaques qui portaient toutefois sur leurs actions politiques et non leur vie privée.

Francisque, écoutes téléphoniques, pour Mitterrand. Emplois fictifs et financement du RPR pour Jacques Chirac. Les « affaires » pleuvaient déjà à grosses gouttes mais il ne serait venu à l’esprit de personne de s’en prendre à la taille (et fille cachée) de l’un ou à l’esprit de clan de l’autre (à force de vilipender Jean Sarkozy, on en oublie le rôle joué par Claude Chirac auprès de son père…).

Détestés ou adorés, les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy étaient respectés. L’actuel président est au mieux moqué, le plus souvent insulté. Il porte évidemment une partie de la responsabilité de cette situation : du yacht de Bolloré aux photos people aux côtés de Cécilia (puis de Carla), le Sarkoshow a contribué à désacraliser la fonction présidentielle.

Mais les médias et nous, simples citoyens et observateurs, sommes également co-responsables de cette dérive, brillamment analysée par le journaliste Benoît Rayski dans son excellent livre « L’homme que vous aimez haïr ».

« La haine est une plaie de l’esprit, quelque chose de paranoïaque qui s’entoure de rationalité », écrit le journaliste dans un ouvrage décryptant le phénomène de la Sarkophobie et en dénonçant des procédés basés sur la haine plutôt que la raison et l’opposition politique.

« Partout où Sarkozy va, il porte une crécelle à la main. Comme les lépreux au Moyen Âge. (…) Mais avec une différence de taille : la crécelle de Sarkozy fait bling, bling… Et contrairement à celle des lépreux, elle rameute la foule, la populace et la plèbe. Et Sarkozy est houspillé, hué, injurié. Car il ne fait pas peur… », explique le journaliste.

Selon lui, le niveau de haine à l’égard du chef de l’Etat est sans comparaison depuis l’entre-deux guerres, lorsque la presse d’extrême droite traînait dans la boue Mendès-France, Blum et Mandel, délaissant la politique pour s’attaquer aux hommes.

On peut d’ailleurs aller plus loin que Benoît Rayski. La Sarkophobie est non seulement une « plaie de l’esprit », mais c’est aussi et surtout un écran de fumée dans lequel se drape la majorité pour éviter d’avoir à répondre sur le fond de ses orientations politiques et l’opposition pour masquer la faiblesse de ses propositions.

Il existerait tellement de raisons valables de s’opposer à la politique de Nicolas Sarkozy et du gouvernement, que le flot de bile continuellement déversé sur le chef de l’Etat n’a qu’une seule et unique conséquence : affaiblir par l’outrance de telles attaques personnelles toute opposition politique rationnelle.

Le petit manège politique tourne sans arrêt depuis près de dix ans autour de Nicolas Sarkozy et les attaques des médias mais aussi des responsables de gauche n’ont pour tout effet que de l’alimenter… et de bâtir un garde-fou autour du président en vue de 2012.

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Le duopole Airbus-Boeing attaqué par la Chine

La Chine s’invite au jeu de l’aviation commerciale et espère concurrencer le duopole Airbus-Boeing à horizon 2025. Le lancement de la commercialisation du premier moyen-courrier chinois, le C919, fait peser la première menace sérieuse pour les meilleurs ennemis du monde de l’aéronautique.

La Comac, l’entreprise d’état chinoise d’aéronautique, a reçu les premières commandes pour son C919, un moyen-courrier inspiré de l’Airbus 320 et du Boeing 337, dont les premiers exemplaires doivent être livrés en 2016.

Selon des responsables chinois, des centaines de commandes de l’avion ont déjà été prises, essentiellement auprès de compagnies aériennes chinoises.

Le plan de bataille de la Comac pour concquérir le monde de l’aviation passe en effet par une phase initiale consacrée au marché intérieur de l’Empire du Milieu.

De quoi rassurer Boeing et Airbus ? Pas vraiment… Car le marché intérieur chinois n’est que la première pierre des ambitions industrielles de la Comac qui pourra ensuite mettre progressivement sur le marché des avions compétitifs et plus modernes que ses rivaux directs.

Peu sont ceux qui doutent aujourd’hui de la capacité de la Chine et de la Comac de venir à terme dans le jardin du duopole. La question est de savoir quand… Et sur ce point les analystes américains et européens se veulent confiants et tablent sur une arrivée massive d’avions chinois à l’horizon 2045-2050.

Optimisme de façade ou vrai discours commercial ?

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